Quand les objets nous racontent leur histoire ...

En rentrant dans la charmante église du Mesnil-au-Grain (ill.1), l'oeil est irrésistiblement attiré vers le monumental ensemble du maître-autel. Le retable est d’une remarquable qualité d’exécution, se plaçant dans la lignée des grands retables en pierre que l’on trouve en Suisse-Normande.  L’effet général est saisissant dans l’étroitesse du chœur de cette petite église (ill.2).

Le style du retable ne permet pas de doute : il date de la seconde moitié du XVIIème siècle, mais comment en savoir plus sur cet ensemble exceptionnel ? Tout simplement en l’observant de plus près. Sur les piédestaux des colonnes sont sculptées des armoiries, précisant probablement le donateur (ill.3). En levant la tête, une date apparait sur la frise de l’entablement : 1680 (ill.4). 2 indices s’offrent donc aux yeux des visiteurs. Un complément d’information est tout de même nécessaire : la Statistique monumentale d’Arcisse de Caumont nous apprend que « l’évêque de Bayeux était patron collateur de la cure ». Il ne reste plus qu’à recouper ces informations ! Qui était évêque de Bayeux en 1680 ? François de Nesmond, évêque entre 1661 et 1715 (ill.5). Le blason présent sous le portrait nous prouve que ses armes étaient identiques à celles présentes sous les colonnes  ! Il est donc le donateur de ce retable.

Maintenant, approchons-nous davantage de l’oeuvre pour détailler le tableau central (ill.6). Il porte de nouvelles armoiries qui dominent une date : 1772 (ill.7). Appliquons le même questionnement : qui était évêque de Bayeux en 1772 ? Pierre-Jules-César de Rochechouart, évêque entre 1753 et 1776 (ill.8). En vérifiant sous son portrait, le blason correspond ! En partant du principe que le tableau d’origine avait été placé en 1680, le temps ayant déjà fait son œuvre, il y a fort à parier qu’il nécessitait une restauration. Mais Monseigneur de Rochechouart semble avoir préféré offrir un nouveau tableau portant l’image de la Cène. Cet évêque de Bayeux semble très présent dans ce secteur géographique du pré-bocage puisque la tradition orale le voit représenté sur l’actuel tableau d’autel de l’église de Longvillers (ill.9).

 

Armelle Dalibert

 

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